EDITO  

Le projet de directive européenne sur le devoir de vigilance vient de paraître, près d’un an après la validation de son principe par le Parlement Européen. Elle constitue une avancée notable (quoique déjà critiquée) et un point d’accroche pour avancer sur l’agenda environnemental et social.  

Au regard de l’actualité internationale, elle nous semble encore plus cruciale pour placer les modèles économiques et organisationnels dans une logique de responsabilité et d’interdépendance. 

A brève échéance, elle conduira en tous les cas les entreprises et institutions financières agissant dans le cadre de l’UE à se reposer la question de leur redevabilité de manière plus globale et plus approfondie. Non seulement pour leurs propres organisations, mais également pour l’ensemble de leurs chaînes de valeurs et leurs parties prenantes. Non seulement pour les violations des droits humains fondamentaux – comme le travail des enfants – mais aussi dans une vision plus large, intégrant par exemple les enjeux de revenus décents dans les chaînes de valeur ou l’alignement effectif de leurs stratégies climat avec l’Accord de Paris. C’est d’ailleurs bien le sens des récentes conclusions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, près de la moitié de l’humanité vivant dans des zones particulièrement vulnérables au dérèglement climatique.   

Comment dès lors s’organiser pour agir, une fois que les principaux enjeux et points de faiblesse ont été identifiés ? Pour remplir sa part en matière de redevabilité, dans des chaînes de valeur souvent complexes et fragmentées ? Pour enraciner les politiques et les programmes dans la durée ?   

Notre conviction est que les coalitions multi-parties prenantes d’acteurs ayant des rôles et des perspectives différents seront un élément-clé permettant de dégager de nouveaux leviers d’innovation et d’action. 

C’est ce que nous nous attelons à mettre en œuvre avec nos différents partenaires publics et privés dans nos programmes SUTTI visant les fermiers au premier échelon des chaînes de valeur agricoles. Nous déployons des programmes sur plusieurs années en Indonésie et au Sri Lanka par exemple. En voici quelques enseignements : 

• Constituer un noyau dur de 2 ou 3 acteurs qui fera office de « pierre fondatrice » 

• Organiser la coalition autour de ce noyau : acteurs publics, financeurs, et partenaires internationaux et locaux 

• Être clairs sur les objectifs et transparents sur les méthodologies, pour construire la confiance entre les acteurs 

• Avoir la volonté de faire émerger des solutions équilibrées et opérationnelles   

• Se projeter dans une vision large et à long-terme pour nourrir l’intérêt et les convergences multiples et ouvrir le champ des possibles et des ramifications… 

• … Tout en s’astreignant à réaliser cette vision pas à pas ! 

Au plaisir d’échanger et de construire avec vous ces coalitions. Elles seront nécessaires à ce que chaque organisation « fasse sa part » dans une logique de progrès collectif et d’efficience.   

Raphaël Hara 

Directeur général