EDITO  

Les chocs exogènes se multiplient et mettent sociétés et acteurs économiques de plus en plus sous pression. Explosion des coûts de l’énergie. Risques de pénurie de gaz renforcés par le sabotage des pipelines Nord Stream et d’extension des conflits. Démultiplication et aggravation des événements climatiques extrêmes tout au long des derniers mois. Démotivation voire démission des salarié(e)s et changement profond du rapport au travail à la suite de la crise du Covid. Remontée brutale des taux d’intérêt renchérissant les conditions de crédit et faisant redescendre les valeurs d’actifs.

Face à ces nouveaux impératifs, les réponses politiques sont multiples… et contradictoires. Dans le déni tout d’abord. Sur le front environnemental par exemple, le nouveau gouvernement anglais s’apprête à snober la Cop 27 après en avoir organisé la précédente édition, mais aussi à détricoter les avancées des dernières années, certes réalisées au travers de l’UE. Neom, projet emblématique de l’Arabie Saoudite, vient par ailleurs de se voir attribuer l’organisation des Jeux Asiatiques … d’Hiver en 2029, alors même que les appels au boycott de la Coupe du Monde de football au Qatar pour irresponsabilité climatique - et atteintes graves aux droits humains - se multiplient. A l’autre côté du spectre, le Danemark a annoncé vouloir contribuer à réparer les dommages liées à son empreinte dans les dérèglements climatiques subis par les Pays les Moins Avancés : dans des proportions relativement modestes (13 M$) certes, mais en s’appuyant sur un principe qui pourrait faire précédent. Par ailleurs, le gouvernement australien, pourtant historiquement associé à l’industrie du charbon, en annonce la sortie à horizon 2035, rejoignant le rang des pays prévoyant un investissement massif dans les ENR. 

Alors, effets d’annonce ou changement de paradigme ? Les chocs de réglementation ne seront en tous les cas pas des moindres pour les entreprises. Dans l’UE, le puzzle du Green Deal prend peu à peu corps, avec par exemple la récente approbation de la réglementation anti-déforestation et le lancement de la directive de lutte contre le travail forcé, qui visent à rendre à terme impossible l’import, la vente ou l’export de produits ne respectant pas les normes sociales ou environnementales minimales attendues. Le problème ? Force est de constater que les règlementations divergent suffisamment pour que les acteurs internationaux soient tiraillés, par exemple entre l’accent mis sur la gouvernance par la SEC ou la standardisation de la comptabilité carbone en Chine.
 
Ainsi, côté entreprises et investisseurs, comment se préparer structurellement à la multiplication de la survenance de ces chocs, de tous côtés ? Notre conviction est qu’une partie de la réponse réside dans l’émergence d’une économie réellement régénérative pour l’environnement comme le tissu social, combinant maîtrise des risques ESG et recherche d’impacts en multiples dimensions et tenant compte des interactions des facteurs environnementaux et sociaux, pour une capacité d’adaptation maximale. 

• Tout d’abord en relisant en profondeur les conditions environnementales et sociales dans lesquelles les activités s’insèrent, et en mettant en œuvre les principes de double matérialité dans l’approche des risques, et ce à tous les niveaux des chaînes de valeur,
• Dans un deuxième temps, en nourrissant les relations avec les parties prenantes, notamment territoriales, en en mesurant l’évolution, non seulement pour prendre en compte leurs intérêts légitimes, mais également pour les renforcer,
• Enfin, en recherchant à impacter positivement les dimensions sociales, environnementales et sociétales en s’impliquant pour trouver des solutions concrètes et en s’appuyant sur le levier d’innovation que constitue la recherche d’impact

Au plaisir d’échanger sur ces sujets,

Raphaël Hara, 
Directeur Général