Soirée annuelle Ksapa 2024 – Accélérer vers une Transition Juste : Construire des coalitions multipartites pérennes à grande échelle

Pas de transition juste possible sans aborder les questions de coalitions multipartites pérennes à grande échelle. La transition juste vers un avenir durable est en effet une nécessité urgente face aux défis économiques, sociaux et environnementaux mondiaux. Or, une telle transformation ne peut être réalisée par des efforts isolés. Elle requiert des coalitions multipartites impliquant des acteurs publics, privés et de la société civile. Dans le panel « Accélérer vers une transition juste – Comment construire des coalitions multipartites pérennes pour déployer à grande échelle ? » Ksapa a exploré précisément comment de telles collaborations peuvent être initiées, structurées et pérennisées. Organisé par Ksapa lors d’une soirée annuelle rassemblant équipes, clients et partenaires au Théâtre Déjazet à Paris, ce débat a rassemblé des experts comme Marie-Aimée Boury, Head of Impact Based Finance chez Société Générale Corporate and Investment Banking (SG CIB), et Frédéric Pinglot, Vice-President Human Rights chez Schneider Electric. Animé par Raphael Hara, Directeur Général de Ksapa, chacun a pu apporter une perspective unique issue de ses initiatives et partenariats, en discussion avec l’audience. Cet article s’articule autour des grandes thématiques abordées lors du panel : intentionnalité, principes de réussite et le rôle comparé des grandes coalitions multi-sectorielles versus des initiatives propres.

Intentionnalité et initiatives

La première étape pour construire des coalitions multipartites efficaces est de définir une intention claire. Pourquoi ces collaborations sont-elles nécessaires, et comment servent-elles les Objectifs de Développement Durable (ODD) ? Nos invités nous ont partagé leurs retours sur 2 types de coalitions multi-partites : autour de grands projets multi-parties prenantes ayant vocation à s’inscrire dans des filières implantées sur des régions ou territoires d’une part, et dans des initiatives sectorielles & multi-sectorielles faisant intervenir différents types d’acteurs autour de thématiques transversales d’autre part.

L’approche de Société Générale : l’intention stratégique et l’apport des complémentarités

Marie-Aimée Boury a souligné l’importance d’une intention stratégique claire comme moteur des coalitions multipartites. Un partenariat exige des efforts et des investissements. Leur importance stratégique pour atteindre les objectifs propres à Société Générale, le partage d’une vision commune, la clarté des complémentarités (expertises, métiers, produits…) et rôles en découlant doit guider l’action, et être partagée avec les partenaires. L’engagement exige des ressources pour animer et faire fonctionner ces partenariats qui peuvent très facilement s’éteindre ou observer le désengagement de ses participants sans une coordination quotidienne. La complémentarité doit aussi se décliner sur les modalités de fonctionnement : de grandes organisations donnant la crédibilité et de l’assise peuvent travailler avec de plus petites structures, plus agiles, sur la base de ces objectifs et de cette vision commune. Appréhender ces questions, et s’assurer que le partenariat s’organise avec ce type de ressources est indispensable avant de passer à l’action.

L’engagement de Schneider Electric : Respect des droits humains dans la transition énergétique

Frédéric Pinglot a partagé les types de coalitions auxquels Schneider Electric participe, avec un accent sur le respect des droits humains dans les chaînes de valeur de la transition énergétique : cette participation à des initiatives collaboratives est au cœur de l’identité du groupe, qui contribue à plus de 300 initiatives diverses. Schneider Electric a notamment collaboré avec Ksapa à travers le GT3FLI (Green Transition Free from Forced Labor), une initiative dédiée à l’intégration des droits humains dans des chaînes de valeur complexes de la transition énergétique. Autres exemples : Schneider Electric est également Patron de l’initiative Travail Décent du Pacte Mondial, Co-Fondateur de l’initiative pour l’accès libre aux niveaux de salaires décents avec la Fondation WageIndicator et figure parmi les premiers membres du TSIFD (Global Task-Force on Social Inequalities & Financial Disclosure). Au-delà, l’intention portée par Schneider Electric est double : répondre à une exigence de conformité (par exemple, les plans de vigilance en France) tout en visant un impact concret, et intégrer des principes éthiques dans des projets de grande envergure. Ces coalitions permettent de mutualiser les expertises et de répondre aux défis systémiques qu’aucun acteur ne pourrait résoudre seul sur des thématiques comme les migrations, les filières industrielles critiques ou le revenu décent par exemple. 

Retour d’Expérience – Principes de réussite

Une coalition multipartite efficace repose sur des principes fondamentaux garantissant son bon fonctionnement.

Les enseignements tirés de Société Générale

Pour Marie-Aimée Boury, plusieurs éléments clés déterminent le succès d’une coalition :

  • Clarté des rôles et responsabilités : Chaque partenaire doit comprendre ses tâches spécifiques et son apport unique.
  • Alignement des objectifs : Tous les membres doivent partager une vision commune des résultats attendus.
  • Mécanismes de gouvernance solides : Des outils transparents de prise de décision et de résolution des conflits sont indispensables.
  • Flexibilité et adaptation : Dans des environnements complexes comme l’Afrique, il est essentiel d’ajuster les actions selon les réalités locales.

Marie-Aimée a évoqué l’importance de la confiance mutuelle, qui ne peut être construite qu’à travers un dialogue ouvert et une transparence totale.

Le point de vue de Schneider Electric

Frédéric Pinglot a comparé deux approches :

  • Grandes coalitions multi-sectorielles : Elles permettent de fédérer un large éventail d’acteurs autour de problématiques complexes. Ces coalitions offrent l’avantage d’une expertise collective, mais nécessitent une coordination rigoureuse pour éviter les inefficacités, ainsi que l’acceptation du temps de co-construction, qui parfois peut être ralenti par la disponibilité effective des différents membres.
  • Initiatives en propre : Celles-ci sont souvent plus agiles et mieux alignées sur les priorités stratégiques d’une entreprise. Cependant, elles risquent d’avoir un impact limité si elles ne s’intègrent pas dans un cadre global.

Frédéric a souligné que les deux approches ne s’excluent pas mutuellement. Une stratégie équilibrée peut combiner les avantages des deux formats pour maximiser l’impact. Elles peuvent au contraire se nourrir dans la mesure où des expériences opérationnelles instruisent souvent les larges coalitions de ce qui fonctionne le mieux ou au contraire ce qui a du mal à s’opérationnaliser.

De la théorie à la pratique – Favoriser une pérennité à grande échelle

Une fois les coalitions formées, leur pérennisation représente un défi majeur. Cette étape exige de mobiliser des ressources continues et d’adapter les initiatives au fil du temps.

L’exemple de l’inclusion financière

Société Générale, à travers sa branche « Impact Based Finance » et en lien étroit avec sa filiale Société Générale Côte d’Ivoire, a lancé aux côtés de Ksapa une initiative visant à renforcer l’inclusion financière en Côte d’Ivoire. Ce projet repose sur un partenariat avec les gouvernements ivoirien et français, démontrant la nécessité de collaborer étroitement avec les autorités locales pour répondre à des besoins spécifiques, et implique des industriels et des ONG. Ces initiatives ne se limitent pas à fournir des financements. Elles doivent créer des écosystèmes favorables, et s’appuient sur un dispositif autour de l’inclusion financière mais aussi la formation, la digitalisation et différents mécanismes de suivi. L’objectif n’est pas uniquement de résoudre un problème immédiat, mais aussi d’inscrire les solutions dans une dynamique durable. La pérennité repose sur trois piliers :

  1. L’appropriation locale : Les gouvernements partenaires jouent un rôle clé dans la continuité des efforts.
  2. La formation et le transfert de compétences : Former les populations locales à utiliser les services financiers est essentiel pour maintenir l’élan.
  3. La mise en place d’indicateurs de suivi : Des outils robustes permettent d’évaluer les progrès et d’ajuster les stratégies.

L’approche systémique de Schneider Electric

  • Pour Schneider Electric, la pérennité dépend de l’intégration des initiatives dans une vision plus large de la transition énergétique. Cela inclut :
  • La standardisation des bonnes pratiques : Par exemple, les outils développés dans le cadre du GT3FLI peuvent être adoptés par d’autres entreprises et secteurs. Dans cet esprit, Schneider Electric participe à plus de 300 initiatives collaboratives…
  • L’engagement continu des parties prenantes : dans cet exemple, Schneider Electric travaille avec Ksapa pour maintenir un dialogue constant avec les ONG, les gouvernements & institutions et les investisseurs.

Ces exemples montrent qu’une pérennité à grande échelle exige un engagement de long terme, soutenu par une gouvernance solide et un apprentissage continu.

Conclusion

Le panel « Accélérer vers une transition juste » a illustré la puissance des coalitions multipartites pour répondre à des enjeux globaux complexes. En alliant intentionnalité stratégique, principes opérationnels clairs et partenariats solides, ces coalitions peuvent devenir des leviers de transformation majeurs. Société Générale et Schneider Electric démontrent que le succès repose sur une combinaison de collaboration, d’innovation et de persévérance. Ces enseignements sont précieux pour toute organisation souhaitant s’engager dans des projets similaires.

En fin de compte, construire des coalitions multipartites pérennes est non seulement un impératif pour atteindre les ODD, mais aussi une opportunité de créer un impact durable et significatif à grande échelle. C’est au cœur de la mission et des modes de fonctionnement de Ksapa qui catalyse les énergies dans une logique de création d’impacts pérennes et concrets sur les filières et les territoires.

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Après 20 ans d'expérience dans l'investissement et l'asset management, notamment immobilier, Raphaël Hara travaille sur les liens entre finance et durabilité, notamment au travers du développement et de la mise en œuvre de projets d'impact investing.

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