Retour sur notre événement du 23 janvier 2020 – Solutions concrètes, ingrédients utiles, attitude positive !

Un événement sympathique nous a permis d’échanger avec différents décideurs, praticiens et experts pour partager nos idées, discuter de solutions concrètes pour amplifier la contribution des acteurs privés aux défis environnementaux et sociaux de la décennie. Surtout, une occasion de partager différentes perspectives permettant d’identifier et garder en mémoire différents ingrédients utiles pour conserver une attitude positive – et nous en avons besoin ! Tour d’horizon

Un diagnostic sociétal consensuel

En ce début d’année 2020, Ksapa avait organisé un événement permettant de rassembler différents décideurs, praticiens et experts d’horizons variés – cadres d’entreprises, financiers, experts-comptables, militants de société civile, journalistes, dirigeants, experts du développement, consultants, investisseurs, avocats,… L’occasion de présenter les activités et la feuille de route 2020 de Ksapa, mais surtout d’échanger et partager les idées avec les membres de notre panel et les personnes venues assister à ces échanges. Quelques enseignements sont venus utilement montrer la profonde convergence de point de vue sur différents constats simples :

  1. Les prochaines années sont largement perçues comme des années de bascule et de profondes mutations, où il faut rester à l’écoute de la société, innover et accélérer l’intégration des enjeux environnementaux et sociaux pour que les activités économiques et financières demeurent pérennes
  2. Climat, biodiversité, gestion des inégalités, éthique structurent largement les agendas environnementaux et sociaux des individus citoyens autant que des collectifs et des organisations. Pour autant, si ces préoccupations sont largement consensuelles, elles n’ont rien de central dans le quotidien de tout un chacun, avec une certaine facilité à rejeter la responsabilité sur les autres individus ou collectifs
  3. Les conflits ouverts (« Gilets Jaunes« , « pouvoir d’achat », « transitions justes »…) illustrent à la fois combien les mutations en cours sont brutales, mais également combien pouvoirs publics ou acteurs économiques peinent à accompagner les changements structurés par un dialogue de parties prenantes constructif et efficace

Ainsi, en opérant de petits sondages en temps réel avec les participants, nous avons pu notamment échanger autour d’un équilibre difficile à trouver pour tout un chacun entre pessimisme associés aux dynamiques collectives observées, et optimisme porté en même temps par des convictions individuelles notamment autour des nécessaires évolutions des pratiques. Tout un chacun souhaite contribuer à un mouvement sociétal réalisant autant que possible les Objectifs de Développement Durable portés par l’Agenda 2030. Pour autant, la lecture rationnelle des faits, chiffres, des dynamiques géopolitiques et économiques actuelles n’incitent pas à l’optimisme. Alors tout serait perdu? Non, et c’est bien là la dynamique sympathique qui s’est manifestée tout au long des échanges qui ont suivi…

Technologies et finance innovante offrent des solutions concrètes pour accélérer la contribution du secteur privé aux ODD

L’événement a été l’occasion pour ses co-fondateurs Farid Baddache & Raphaël Hara de présenter quelques activités illustrant différents programmes menés par Ksapa dans ses piliers de plaidoyer et d’impact investing, après une brève présentation de son pilier conseil.

  • L’introduction au rapport « Towards 2030 » a permis de discuter de quelques conclusions tirées de ce travail offrant un large panel de solutions concrètes qu’il convient d’explorer pour amplifier la transformation des entreprises vers davantage de résilience et d’inclusion. De nombreuses technologies digitales présentent un fort potentiel pour faire progresser différentes questions sociales et environnementales complexes. Tout un panel d’outils financiers innovants est disponible pour accroître significativement l’investissement privé au service des ODD. Ces perspectives ont été évoquées sans la moindre naïveté ni candeur quant aux défis énergétiques et éthiques associés à ces outils. Les réponses à un rapide sondage en ligne réalisé en direct a permis d’ailleurs de confirmer de manière quasiment unanime la pertinence d’explorer plus en avant ces sujets pour les entreprises et les investisseurs
  • L’événement a été également l’occasion de présenter un programme d’investissement thématique démontrant par l’exemple comment mettre ces concepts en pratique, et apporter des solutions nouvelles en s’appuyant sur des solutions digitales et des instruments financiers innovants pour accélérer sur les ODD. Ksapa a ainsi présenté le programme SUTTI – Scale Up Technical Training Initiative. SUTTI est un programme d’investissement visant à concevoir et organiser des programmes de formation professionnelle de grande échelle. Ces derniers sont à destination de fermiers travaillant dans des exploitations de petite taille à la production de différentes matières premières agricoles, dans le cadre de chaînes d’approvisionnement fragmentées, principalement en Asie du Sud-Est. Ces programmes ont vocation à rassembler un écosystème de partenaires industriels, IT, développement, etc. pour organiser des dispositifs performants économiquement et contribuant positivement sur les aspects sociaux et environnementaux.

Un panel passionnant permettant de dégager les ingrédients d’une attitude positive

L’événement a également été l’occasion d’échanger avec un panel pensé et animé pour offrir une perspective large et complémentaire autour d’une question vaste, mais finalement simple : Quoi de neuf pour aborder la nouvelle décennie avec des chances d’atteindre les ODD d’ici 2030 ? Le panel a pu ainsi rassembler les perspectives de différents intervenant-e-s :

  • Christian Clot, Explorateur et chercheur. Fondateur et Président du ADAPTATION Institute
  • Béatrice Héraud, Rédactrice en chef RSE chez Novethic
  • Hervé Deguine, Directeur des relations avec les ONG et les organisations de la société civile chez Michelin
  • Fabrice Ferrier, Directeur de Focus 2030

De ces discussions qui ont passionné les participants, nous avons finalement voulu retenir, pour action, quelques conclusions d’ensemble relativement simples, et qu’il sera utile de se remémorer et partager régulièrement, pour remplir notre devoir d’entreprise à mission désireuse d’insuffler du changement et mue par l’obligation morale de conserver une attitude positive et constructive à cet effet…

1. Mutations en cours. Autant prendre le train en marche!

L’état des connaissances scientifiques souligne combien nos capacités cognitives sont en adaptation constante en fonction des dynamiques sociales, contextuelles et environnementales dans lesquelles nous nous trouvons. Les révolutions digitales et environnementales sont activement en train de nous faire évoluer, individuellement autant que dans nos interactions collectives.

Différents sondages montrent également combien l’opinion publique (France, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni) évolue et veut voir une plus grande implication des États et parties prenantes des sociétés sur les questions environnementales et de développement. Des ruptures majeures et un gain d’intérêt substantiel se sont opérés dans les récentes années.

Du côté des entreprises et des investisseurs, l’écart de maturité sur les questions climatiques entre la COP 15 (2009) et la COP 25 (2019) est vertigineux. Bien qu’évidemment largement insuffisante en valeur absolue et face aux enjeux, Davos 2020 a été l’occasion de constater combien nombre de décideurs économiques multiplient désormais les engagements en matière de neutralité carbone 2050. Biodiversité et inégalités sont des thématiques toujours plus pressantes également pour lesquelles les États, et les acteurs économiques sont pressés d’agir avec davantage d’ambition et d’impact par les opinions, la jeunesse et autres parties prenantes.

Les changements sont inéluctables, et la question climatique est aujourd’hui identifiée comme prioritaire. Ne pas prendre ce train du bouleversement des pratiques, pour les organisations qui ne l’auraient pas déjà fait, serait périlleux. Mais il faut également anticiper, et se préoccuper des questions de biodiversités et d’inégalités notamment pour se positionner dans une logique de contribution positive, en complément des politiques de maîtrise des impacts négatifs.

2. Mutations rapides possibles. Autant s’y préparer!

L’exemple du Rwanda permet de tirer des enseignements de première importance. Un pays peut connaître le pire génocide connu de l’humanité, complètement détruit et ruiné en 1994, et être présenté comme un modèle économique en Afrique seulement 15 ans plus tard. Face aux crises environnementales et sociales majeures que nous vivons actuellement, voici un exemple, malgré ses limites (taille du pays, manquements au respect des droits humains par exemple, ampleur des traumatismes), utile pour méditer et apprécier la capacité de mutation rapide de nos sociétés. Au niveau individuel, si la paléoanthropologie s’attarde sur le temps long pour convenir de mutations neuronales importantes, diverses études scientifiques récentes montrent combien le cerveau peut évoluer et s’adapter sur des temps également très courts pour répondre et s’adapter à son environnement social, physique et à des besoins d’adaptation essentiels. Ainsi, nous constatons que les sociétés autant que les individus portent des capacités de mutation rapide.

A cet effet, différents points de vigilance ont été discutés. Par exemple, la logique internationale, portée en France par la loi Pacte, poussant les entreprises à réfléchir à leur Raison d’Être est un changement de paradigme en matière d’acceptabilité des entreprises. Le concept de Raison d’Être impose de passer d’une logique de suivi de sa performance RSE/ESG évaluant de la performance passée à une logique d’impact mesure la réalisation d’une Raison d’Être à l’aune d’enjeux environnementaux et sociétaux tournés vers des défis futurs. Également, aucune entreprise, fut-elle centenaire, ne peut se reposer sur ses acquis. Le leadership, la prise de risque, l’innovation et l’adaptation permanente autour d’un projet d’entreprise fort, structurant et inclusif restent des leviers indispensables de l’adaptation permanente à des marchés et des sociétés qui se transforment sans cesse.

3. Mutations, ruptures et dysfonctionnements. Autant accompagner les changements!

Enfin, les mutations génèrent bien évidemment ruptures et dysfonctionnements. Il est aisé de baisser les bras face à l’inertie et la complexité de faire bouger des lignes. La génération Greta Thunberg regarde avec cynisme et critique l’insuffisance de progrès opérés finalement depuis le rapport Meadows publié il y a bientôt… 50 ans…

Différents ingrédients ont ainsi été partagés pour, malgré tout, conserver une attitude positive, et porter les changements. En voici quelques uns à méditer individuellement et collectivement régulièrement :

  1. L’amour. Tant que l’on éprouve du sentiment pour « d’autres » (famille, communauté, autre groupe social), on peut puiser de l’énergie pour changer et faire changer autour de soi
  2. L’approche inclusive. Les changements qui échouent s’illustrent par leur incapacité à être inclusives et tenir compte de la diversité de ses parties prenantes dans leur complexité. Les difficultés portées par les questions de Transition Juste en offrent une illustration. Une approche réellement inclusive impose de tenir compte, et de réellement intégrer dans l’approche choisie, même – et surtout – les segments les plus vulnérables. Cela implique de rester en écoute constante de la société dans sa diversité et sa complexité, sans enfermer les uns et les autres dans des cases réduites à des postures
  3. La sincérité dans la démarche. Différentes perspectives ont montré combien la défiance des corps sociaux vis-à-vis des institutions (États, entreprises…) et corps intermédiaires est élevé. Or dans un climat de défiance, il est difficile d’accompagner le changement. C’est en faisant œuvre de sincérité – expliquer, faire preuve d’écoute active, rester transparent, faire ce que l’on dit – qu’on crée de la confiance
  4. Le droit à l’erreur. Le droit de perdre de l’argent. Nous vivons dans des cultures managériales de l’objectif, de l’indicateur clé de performance et du suivi de résultat. Cela laisse trop peu d’espace à l’innovation, à l’erreur, à l’échec pourtant souvent riche d’enseignements. Puisque les mutations qui s’opèrent offrent un saut dans l’inconnu à bien des égards, il est indispensable de créer une culture collective qui offre le droit à la prise de risque, le droit de se tromper et de valoriser ces initiatives pour en tirer des enseignements – et tout simplement faire mieux

Conclusions. Positive Attitude

Un événement utile pour partager des perspectives et valider avec un collectif expert et divers la pertinence d’un diagnostic consensuel. Un événement galvanisant pour les participants qui y ont trouvé inspiration et densité de contenus pour réfléchir et innover avec le souci de contribuer, individuellement et collectivement, à des sociétés plus résilientes et plus inclusives. Plus rapidement.

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Auteur de différents ouvrages sur les questions de RSE et développement durable. Expert international reconnu, Farid Baddache travail à l’intégration des questions de droits de l’Homme et de climat comme leviers de résilience et de compétitivité des entreprises. Restez connectés avec Farid Baddache sur Twitter @Fbaddache.

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