Les petit·e·s exploitant·e·s représentent une opportunité d’impact pour toute la chaîne de valeur agricole

Transition agricole et inclusion financière des petit-e-s exploitant-e-s agricoles

Alors que près de deux milliards de personnes tirent leurs moyens de subsistance de l’agriculture, dont 70% de la population en Afrique ou 60% en Asie du Sud, les petit·e·s agriculteur·rice·s constituent l’un des groupes les plus exposés et les plus cruciaux au bas de la pyramide, pour lesquels l’accès à des ressources de base telles que l’accès à la formation professionnelle ou l’inclusion financière est un enjeu primordial. L’accès aux services financiers est un outil essentiel pour fournir les fonds nécessaires aux agriculteur·rice·s, pour faire face à des défis de court terme dans un premier temps, mais également pour investir, changer de pratiques, augmenter leurs revenus et faire face au dérèglement climatique, dans un second temps. Les petit·e·s exploitant·e·s agricoles représentent ainsi une double opportunité pour toute institution financière : de marché en accroissant sa clientèle, et d’impact en améliorant l’inclusion financière. Et ce, alors que la demande totale de financement des petit·e·s exploitant·e·s n’est actuellement financée qu’à hauteur de 3% au niveau mondial.

Cet article a été initialement publié sur le blog Convergences ici.

La nécessité d’élaborer des mécanismes financiers inclusifs pour les petit·e·s exploitant·e·s agricoles

La finance inclusive est donc essentielle pour aider à sécuriser les ressources financières et à développer les petites exploitations agricoles. Les besoins en investissement sont variés : formation, certification, capacités de stockage pour éviter la déperdition de la production, équipements de transformation, sécurisation de la détention foncière…

Pour déployer l’accès aux services financiers pour les populations vulnérables, il faut en effet faire face à de nombreuses barrières sur le terrain : coût élevé du marketing et de l’administration, manque d’accès au capital d’Institutions de Microfinance (IMF), manque de garanties (absence de titre de propriété, ou d’informations) ou de visibilité sur l’activité des emprunteurs, données inexistantes ou non fiables, risque de défaut…

Différents mécanismes financiers existent, et sont généralement peu utilisés. Les plus usités? La microfinance et les mécanismes de crédits court terme, généralement concédés à des niveaux d’intérêt significatifs. L’accès aux crédits d’investissement à moyen et long terme est, en revanche, généralement hors de portée des petit·e·s agriculteur·rice·s. Enfin, certaines opportunités émergentes sont à mentionner, comme la valorisation financière des externalités positives générées par les activités agricoles.

S’il est bien calibré et accompagné, l’accès à des services financiers destinés aux petit·e·s exploitant·e·s peut permettre d’augmenter structurellement les revenus sur le long terme, et d’atténuer les risques quotidiens et de long terme.

Opérationnaliser l’inclusion financière

Bien qu’un grand nombre d’institutions financières ne proposent pas ou peu de services financiers à destination de populations de petit·e·s agriculteur·rice·s encore largement non bancarisé·e·s, des solutions de financement sont en cours de développement. Cependant, afin de répondre à l’ensemble des besoins en matière de financement des petit·e·s exploitant·e·s agricoles, il est nécessaire d’impliquer davantage les banques commerciales en complément des IMF. Pour ce faire, plusieurs éléments centraux sont nécessaires à notre sens pour mettre en œuvre de tels dispositifs :

• identifier les schémas contractuels sur lesquels s’appuyer pour structurer les portefeuilles ;

• rechercher l’expertise et co-construire des innovations inclusives (notamment digitales) pour déployer et monitorer les programmes de transformation ;

• faire appel à la finance catalytique pour réduire les risques et donc le coût des financements octroyés dans certains cas ;

• organiser des coalitions multi-parties prenantes autour des projets de transformation des chaînes de valeur agricoles : acteur·rice·s financier·e·s, expert·e·s, industriel·le·s, Institutions de développement, société civile, pouvoirs publics et autres, doivent travailler de concert et sur le long terme pour lever les obstacles.

Ainsi la Société Générale et Ksapa ont conclu un partenariat dans le but de concevoir et déployer des schémas financiers abordables pour les communautés fermières et visant la création de valeur dans les territoires ruraux, le renforcement des chaines de valeur agricoles, et l’impact social et environnemental dans des coalitions multi-parties prenantes intégrant sociétés industrielles et société civile. Visant la Côte d’Ivoire en premier lieu, ce partenariat a pour objet de développer des solutions couplant assistance technique, digitalisation low tech et finance à impact pour accompagner les acteur·rice·s locaux·cales et internationaux·les dans la recherche d’impact social et environnemental positif sur leur chaîne de valeur, et dans la création de valeur locale.

La mise en place de financement moyen–long terme au niveau des coopératives sera ainsi accompagnée par Ksapa dans le diagnostic des besoins au niveau des fermier·e·s et de la coopérative, leur priorisation dans un plan d’investissement transformationnel, et le déblocage de crédits de moyen-terme pour les financer (équipements, formation, digitalisation…). Il sera complété par l’accompagnement et le suivi des impacts au long cours et de la création de valeur pour le pays et les communautés locales.

La Société Générale et Ksapa envisagent en ce sens des schémas de crédit d’investissement embarquant toute la chaîne de valeur sur des programmes pluriannuels. À travers cette première initiative, la Société Générale et Ksapa ont pour objectif d’établir un modèle financier et opérationnel efficace qui aura vocation à être répliqué sur d’autres chaînes de valeur agricoles et d’autres géographies en Afrique de l’Ouest.

Illustration Freepik

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Après 20 ans d'expérience dans l'investissement et l'asset management, notamment immobilier, Raphaël Hara travaille sur les liens entre finance et durabilité, notamment au travers du développement et de la mise en œuvre de projets d'impact investing.

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