Une analyse du dernier rapport du GIEC de 2023

S’il y a un rapport sur le changement climatique que vous devez examiner, c’est bien celui-ci. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 20 mars 2023 le rapport de synthèse de son sixième rapport d’évaluation (RE6). Ce rapport résume l’état des connaissances sur le changement climatique, ses incidences et ses risques généralisés, ainsi que sur l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci, sur la base de la littérature scientifique, technique et socio-économique évaluée par les pairs depuis la publication du cinquième rapport d’évaluation du GIEC (AR5) en 2014 et du rapport GIEC de 2018. Le prochain sera en 2030…

 «Il est plus probable que le réchauffement de la planète atteigne 1,5°C, quel que soit le scénario.»

Voici les principales conclusions du rapport du GIEC :

  • L’activité humaine est la cause du réchauffement climatique: l’utilisation non durable de l’énergie, l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres, les modes de vie et les modes de consommation et de production ont été et sont sans équivoque à l’origine d’émissions et ont pour conséquence de mettre en garde le système climatique.
  • Dans tous les secteurs et toutes les régions, les personnes et les systèmes les plus vulnérables ont été touchés de manière disproportionnée par les effets du changement climatique. Le changement climatique a eu des répercussions sur les systèmes humains et naturels dans le monde entier, les plus vulnérables étant ceux qui ont généralement le moins contribué au changement climatique. 
  • Impacts sur la planète (et par inadvertance sur les populations) : Le changement climatique a causé des dommages considérables et des pertes de plus en plus irréversibles dans les écosystèmes terrestres, d’eau douce, cryosphériques, côtiers et de haute mer. L’étendue et l’ampleur des impacts du changement climatique sont plus importantes que celles estimées dans les évaluations précédentes. Ces impacts ne feront que s’accélérer avec le temps.
  • Impacts sur les populations : Le changement climatique a eu des effets néfastes sur la santé physique des personnes au niveau mondial et sur la santé mentale dans les régions évaluées, et contribue aux crises humanitaires où les risques climatiques interagissent avec une grande vulnérabilité et pourraient entraîner des déplacements de population. Ces incidences ne feront que s’accélérer avec le temps.
  • Incidences sur les entreprises : En raison du retard dans la mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation, les entreprises seront de plus en plus confrontées à des risques aggravés résultant de circonstances imprévues, d’une escalade des coûts, de pertes et de dommages.

Les prochaines étapes : 

  • L’atténuation: Réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière profonde, rapide, soutenue et immédiate, dans le but d’atteindre un niveau net de zéro d’ici 2050.
    • Adaptation et transition accélérées dans tous les secteurs et systèmes: Cela nécessitera des investissements initiaux considérables et des changements radicaux dans les structures économiques existantes.
    • Donner la priorité à « l’équité, la justice climatique, la justice sociale, l’inclusion et les processus de transition justes ».
    • Le GIEC appelle à un engagement politique plus fort, à une gouvernance alignée, à des cadres institutionnels, à des lois, à des politiques et à des stratégies.

« Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète (confiance très élevée). Tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipative en matière d’adaptation et d’atténuation fera manquer une brève occasion, qui se referme rapidement, d’assurer un avenir vivable et durable pour tous (confiance très élevée) ».

En conclusion :

Ce rapport du GIEC doit être lu en parallèle avec le rapport 2018 du GIEC qui montre les GRANDS ÉCARTS à prévoir entre une trajectoire de 1,5 et de 2 degrés. Chaque 0,1 degré vaut de l’or.

Le 6e rapport du GIEC confirme donc les tendances suivantes :

1. Nous sommes sur une menace de trajectoire à 3,2°C – ce qui est vraiment un désastre. Il n’y a qu’à reprendre le rapport du GIEC de 2018 rappelant les écarts portés par une trajectoire de 1,5 à 2 degrés pour montrer combien chaque 0,1 degré compte et combien 3,2 est un désastre

2. Les émissions des infrastructures énergétiques dépassent le budget carbone restant – ce qui permet de tirer des conclusions rapides sur le développement de nouvelles infrastructures à forte intensité de carbone.

3. Une réduction de 34 % des émissions de méthane est nécessaire, ce qui signifie notamment que les chaînes d’approvisionnement en viande et en produits laitiers doivent travailler beaucoup plus dur.

4. Il est nécessaire de prévenir la maladaptation au changement climatique. Les canicules et les sécheresses croissantes que nous pouvons de plus en plus expérimenter dans notre vie quotidienne aujourd’hui rendront sans aucun doute le phénomène encore plus exponentiel.

5. L’éolien et le solaire, seules solutions accessibles et à court terme. Pour les quelques personnes sur terre qui croient en l’énergie nucléaire, celle-ci est trop chère, trop limitée et à trop long terme pour être une option sérieuse, qui d’ailleurs n’est pas nécessairement capable d’apporter des réponses techniques aux problèmes de la maladaptation au changement climatique.

6. Les investissements dans l’atténuation doivent être multipliés par 3 voire 6.

Pas de gouvernement. Aucune entreprise alignant étroitement ses plans sur les 6 tendances mises en évidence ici n’est plus crédible. Merci à la communauté du GIEC d’avoir apporté cette clarté !

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Auteur de différents ouvrages sur les questions de RSE et développement durable. Expert international reconnu, Farid Baddache travail à l’intégration des questions de droits de l’Homme et de climat comme leviers de résilience et de compétitivité des entreprises. Restez connectés avec Farid Baddache sur Twitter @Fbaddache.

Krystel Bassil
CONSULTANTE SENIOR, Droits Humains | Autres articles

Krystel est consultante senior, contribuant aux missions de conseil et de participation de débat public de Ksapa. Elle agit principalement sur les sujets de droits humains et plus généralement sur la durabilité. Elle est également juriste senior au sein du département « Human Rights & Business » du Syrian Legal Development Programme (SLDP). Auparavant, Krystel a travaillé comme consultante en Business and Human Rights, conseillant des experts de premier plan sur un large éventail de projets dans le secteur privé, les organisations internationales et les institutions universitaires. Elle a été admise au barreau de Beyrouth et a travaillé comme avocate dans le domaine de l'arbitrage international et des droits humains. Krystel est titulaire d'un LL.M. de la SOAS, School of Oriental and African Studies, Université de Londres, d'un diplôme de droit public de l'Université Saint-Esprit de Kaslik, Liban, et d'un diplôme de sciences politiques de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'arabe.

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