La RSE à l’ère du Covid-19 appelle à de nouveaux outils de matérialité

Cet article a initialement été publié sur le blog de Diane Osgood, que Ksapa vous invite à consulter également. Fondatrice d’Osgood Consulting, Diane partage ses réflexions sur les méthodologies de la responsabilité sociale des entreprises nourries de ses collaborations avec des entreprises telles que Virgin, DuPont et Dow. Son credo ? Créer de la valeur en intégrant d’emblée la raison d’être des entreprises et la performance sur leurs enjeux ESG les plus matériels.

Dans le cadre d’une stratégie de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), une analyse de la matérialité fournit des indications sur les risques commerciaux, opportunités et tendances futures qui influencent la capacité d’une entreprise à créer de la valeur. Elle croise ensuite cette information avec les enjeux prioritaires pour ses parties prenantes internes comme externes.

Une nouvelle génération d’outils de matérialité compte mieux intégrer cette perspective des parties prenantes – et ce de façon moins onéreuse qu’auparavant. Plus flexibles, ces outils peuvent être déployés d’autant plus rapidement pour collecter les informations suivantes :

  1. L’évolution des points de vue de la société, des employés et parties prenantes, aux prises directes avec les conséquences de la pandémie de la Covid-19. Dans un environnement soumis à de profondes incertitudes et à la volatilité sociale ambiante, une rapide analyse de matérialité peut déterminer l’évolution des attentes de vos parties prenantes. Elle offre en cela des informations cruciales pour adapter les politiques et plans d’action de votre entreprise sur les questions qui importent le plus à vos parties prenantes.
  2. Une analyse plus granulaire viendra renforcer l’efficacité de votre stratégie de RSE. Une matrice de matérialité aide alors votre organisation à identifier et affiner les attentes prioritaires de vos parties prenantes. Ces informations sont le sous-bassement essentiel de tout effort de conception d’engagements, objectifs et stratégies de RSE à court et long terme.

Vers une nouvelle génération d’outils de matérialité

Experts reconnus de la RSE, Daniel Aronson, Gil Friend et Andrew Winston expliquent dans un article récent l’insuffisance de nombre d’analyses de matérialité. Ils citent 6 principales raisons à cela:

  1. Les entreprises passent à côté des enjeux sociétaux en opérant une cartographie trop restreinte de leurs parties prenantes ;
  2. Un horizon de temps trop court (3 à 5 ans) exclut de fait des tendances pourtant structurelles, comme les effets avérés du changement climatique ;
  3. Mobiliser trop peu de parties prenantes créé de fait des angles morts ;
  4. Les analyses ne tiennent pas compte des bénéfices économiques secondaires et tertiaires induits et donc non mesurés qui découlent néanmoins de pratiques durables.
  5. Elles ne tiennent pas plus compte suffisamment des interdépendances.
  6. Les analyses ne factorisent pas d’éventuels délais et logiques séquentielles induits par la réalisation de programmes concomitants.

Nous ajouterions un septième point à cette liste. Les analyses de matérialité oublient trop souvent les notions de temps et de coût. Une analyse de matérialité conventionnelle peut être laborieuse, longue et donc coûteuse. Il faut en effet des heures de travail onéreux pour interroger les parties prenantes et préparer ses réponses.

Andrew Winston souligne à ce titre que « les interrogations quant à l’impact des entreprises dépassent largement le cadre d’une simple grille à deux dimensions. Nous vivons dans un monde de systèmes complexes, aux prises avec une crise mondiale généralisée. Il incombe donc aux entreprises de mieux identifier ces enjeux et de prendre un rôle prépondérant dans les solutions à y apporter ».

Une nouvelle génération d’analyses de matérialité pour mieux appréhender l’impact de la RSE sur l’entreprise

Les analyses de matérialité doivent clairement surmonter leurs lacunes. Les questionnaires sous-jacentes peuvent commencer par à élargir les horizons temporels, creuser les questions sociétales davantage et interroger les dépendances. Ce faisant, la moitié du problème serait déjà résolu.

Lors d’une récente conversation avec Daniel Aaronson de Valutus, nous avons pris connaissance de deux notables améliorations, passibles de renforcer les analyses de matérialité :

  1. La performance de votre entreprise : Et si vous saviez comment les parties prenantes perçoivent la performance de votre entreprise sur ses enjeux clefs ? Cela affecterait certainement vos stratégies si par exemple vos parties prenantes indiquaient que les performances de votre entreprise sur un de vos enjeux prioritaires dépassaient leurs attentes (ou au contraire, étaient en-deçà).
  2. Le degré de certitude de l’interlocuteur : Toutes vos parties prenantes ne jouissent pas d’une connaissance approfondie de votre groupe. Et si vous pouviez évaluer leur degré de certitude par rapport à leurs réponses ? Votre analyse et les stratégies qui en découlent ne changeraient-elles pas si la majorité des actionnaires exprimaient un niveau de confiance élevé dans leur compréhension de votre entreprise ?

Daniel Aronson explique d’ailleurs qu’il « ne suffit pas de savoir ce qui est matériel. Sans identifier vos forces et faiblesses, vous volez à l’aveuglette. Comme nous avons découvert en travaillant avec un groupe de premier plan, même les meilleures entreprises peuvent être surprises par ce que leurs parties prenantes considèrent qu’elles font bien en termes d’enjeux prioritaires et là où, à l’inverse, elles pensent qu’elles pèchent« .

Il s’agit enfin de se pencher sur l’épineuse question du temps et des coûts. Nous gagnons en rapidité et en flexibilité en automatisant les enquêtes. Cela laisse présager d’analyses plus dynamiques et à moindre coût.

Un outil à la mesure des défis actuels

Nous sommes collectivement confrontés à d’immenses défis et incertitudes. Pour autant, l’évolution des priorités de vos parties prenantes n’est pas vouée à rester une inconnue.

Une nouvelle génération d’outils est désormais disponible, qui permet d’aller au plus près des préoccupations de vos principales parties prenantes – notamment de vos employés, fournisseurs stratégiques et actionnaires ou encore les communautés voisines de vos sites.

Au sortir des confinements à répétition qu’exige la crise pandémique, il sera essentiel pour les entreprises de bien cerner d’indubitables changements dans les attentes de leurs parties prenantes.

Nous affûtons donc nos outils de matérialité pour les aider à prendre de meilleures décisions et appliquer les meilleures informations disponibles en cette période des plus complexes.

Diane Osgood
Fondatrice chez Osgood Consulting | Autres articles

Pionnière du développement durable et fondatrice de Osgood Consulting, Diane aide des entreprises telles que Virgin, DuPont et Dow à combiner profit, raison d'être sociétale et performance ESG.

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