Les femmes sont les premières victimes du changement climatique et amplifie des inégalités. Découvrez des solutions pour agir.

Femmes et changement climatique : les inégalités cachées

À la sortie de la COP30 et malgré des engagements renouvelés, une réalité demeure largement ignorée : les femmes sont les premières victimes du changement climatique. Cette dimension reste pourtant peu connue du grand public et absente des débats médiatiques. Le dérèglement climatique amplifie les inégalités de genre existantes. Les catastrophes naturelles, la raréfaction des ressources, les migrations climatiques et l’insécurité alimentaire affectent de manière disproportionnée les femmes, en particulier dans les pays en développement. Cette vulnérabilité accrue s’explique par des facteurs sociaux, économiques et culturels qui limitent leur capacité d’adaptation.

Le droit international proscrit pourtant la discrimination fondée sur le genre. L’Accord de Paris de 2015 a reconnu explicitement la nécessité d’intégrer l’égalité des sexes dans l’action climatique, soulignant l’importance de développer des solutions qui permettent à la fois de limiter les impacts climatiques et de rééquilibrer les relations de pouvoir entre les genres.

Pourtant, dix ans après Paris, les femmes restent largement absentes des espaces de décision climatique. Elles représentent moins de 30% des négociateurs lors des COP et occupent une minorité des postes de direction dans les organisations environnementales. Cette marginalisation dans les débats contraste avec une réalité : les femmes sont des actrices essentielles de la transition écologique. Ce paradoxe questionne : comment élaborer des politiques climatiques efficaces et justes sans la participation équitable de la moitié de l’humanité ?

Les principaux impacts directs du changement climatiques sur les femmes

L’impact le plus évident est l’accentuation de la pauvreté qui découle de plusieurs phénomènes causés par le changement climatique. Dans la course aux ODD, l’objectif 2030 concernant la pauvreté est loin d’être atteint et nous observons un risque pouvant faire basculer jusqu’à 158 millions de femmes et de filles supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2050 à cause du dérèglement climatique.

Raréfaction des ressources

Insécurité alimentaire

Dans la lutte contre le changement climatique, les femmes sont en première ligne, particulièrement touchées par la sous-nutrition et la malnutrition. Aujourd’hui, 47,8 millions de femmes supplémentaires sont confrontées à l’insécurité alimentaire par rapport aux hommes. Cette disparité trouve sa source dès la répartition de la nourriture au sein des foyers : les femmes ont tendance à se priver plus facilement en période de pénurie pour permettre au reste de la famille de se nourrir.

Par ailleurs, bien que les femmes jouent un rôle essentiel dans l’agriculture et les économies rurales, le manque de ressources les frappe de manière disproportionnée, affectant directement leur productivité et leurs rendements. La propriété foncière des terres agricoles, souvent régie par des structures à prédominance masculine, entrave leur capacité à pratiquer une agriculture résiliente face au changement climatique. Cette inégalité est frappante : moins de 15% des propriétaires agricoles dans le monde sont des femmes, ce qui les désavantage significativement en matière de droits de propriété et d’autonomie économique.

Accès à l’eau potable

Le dérèglement climatique engendre de nombreuses catastrophes naturelles telles que des inondations, des précipitations extrêmes et de fortes sécheresses, aggravant directement les réserves d’eau douce dans le monde. Lorsque l’eau se fait rare, les femmes sont les premières impactées. Ce sont elles qui assument principalement la charge de trouver de l’eau, quels que soient la durée, la distance et la difficulté du trajet. Selon l’ONU, 2,3 milliards de personnes vivent dans des pays confrontés à un stress hydrique, et dans 80 % des foyers, les femmes sont responsables de la collecte de l’eau.

Cette responsabilité accentue également les pressions subies par les filles, parfois contraintes à la déscolarisation pour aider leur mère à assumer ce fardeau supplémentaire. Face à ces enjeux, ONU Femmes appelle la COP30 à adopter un plan pour l’égalité des sexes, condition indispensable à une action climatique efficace.

Impact sanitaire

Santé physique et mentale

Le changement climatique expose les femmes à des risques sanitaires particulièrement élevés en raison de leurs conditions de vie, de leur environnement de travail, de leurs comportements sociaux et de leur biologie. Ces risques se manifestent de multiples façons :

La pollution de l’air, notamment due aux émissions de combustibles fossiles, provoque une augmentation des perturbateurs endocriniens ayant un impact direct sur la santé des femmes (cancer du sein, endométriose, troubles de la fertilité). Le dérèglement climatique aggrave également la propagation de maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, auxquelles les femmes sont particulièrement vulnérables, surtout pendant la grossesse.

Sur le plan psychologique, le stress et la dépression augmentent face au manque de ressources pour subvenir aux besoins de la famille, notamment en cas de stress hydrique. La destruction ou l’insuffisance des infrastructures de santé limite par ailleurs l’accès aux soins essentiels.

Enfin, la mortalité des femmes liée au dérèglement climatique est en hausse, notamment pour des raisons physiologiques : leur corps est plus sensible aux canicules et aux grands froids. Lors de la canicule de 2003 en France, le taux de mortalité chez les femmes était supérieur de 15% à celui des hommes.

Santé sexuelle et procréation

L’accès à la santé et à l’assistance médicale est fortement diminué à la suite d’une catastrophe naturelle, exposant davantage les femmes à des risques sanitaires majeurs, notamment en matière de sexualité et de reproduction. Le changement climatique affecte la santé maternelle et néonatale avec une augmentation des mortinaissances, un manque de suivi prénatal et une propagation accrue de maladies vectorielles.

La diminution d’accès aux soins signifie également une pénurie de contraceptifs, entraînant des grossesses non désirées et des avortements dangereux qui augmentent la morbidité maternelle. Les températures extrêmes, la mauvaise qualité de l’air et le manque d’eau potable ont des impacts négatifs directs sur les femmes et les filles, particulièrement pendant la grossesse. Lors des vagues de chaleur, la probabilité d’une naissance prématurée augmente d’environ 26 %.

Augmentation des tensions et l’instabilité

Violences envers les femmes

Selon le rapport Spotlight de l’ONU , le changement climatique intensifie les tensions sociales et économiques qui alimentent ainsi la hausse des violences faites aux femmes et aux filles. Par exemple, nous observons une hausse de 28% des féminicides dans le monde lors de fortes vagues de chaleur. Chaque événement extrême tels que les sécheresses, les inondations ou encore les tempêtes provoquent des déplacements de population, de l’insécurité, de la pauvreté et un effondrement institutionnel plus large qui peuvent renforcer et encourager les normes et les  comportements qui augmentent la violence.

De plus, les impacts du changement climatique exacerbent l’instabilité économique, politique et sociale d’un pays, notamment dans des zones dans lesquelles les femmes et les filles sont déjà vulnérables. Par exemple, les mariages d’enfants ou forcés peuvent constituer une stratégie d’adaptation préjudiciable pour pallier aux difficultés économiques causées par le changement climatique.

Les entreprises face aux enjeux de genre et du climat

Face à l’ampleur de ces défis, les entreprises ne peuvent plus ignorer la dimension genrée du changement climatique dans leurs opérations et leurs chaînes de valeur. Intégrer l’égalité des genres dans les stratégies climatiques n’est pas seulement une question d’éthique : c’est un levier de performance, de résilience et d’impact positif mesurable.

Plusieurs outils sont à leurs dispositions :

  1. Cartographie des risques : cette étape consiste à identifier comment les activités d’une entreprise affectent différemment les femmes et les hommes dans ses zones d’opération et ses chaînes d’approvisionnement.
  2. Prise en compte du genre dans les politiques RSE et climatiques en intégrant des critères d’égalité de genre dans des politiques d’achats responsables ou encore en sensibilisant les collaborateurs.
  3. Accompagner les femmes dans les secteurs à risque, notamment dans le secteur agricole avec la solution SUTTI développée par Ksapa.
  4. Renforcer son approche de droits humains : mise en place de mécanismes de réclamation, évaluation des impacts et risques, renforcement du dialogue avec les communautés affectées en garantissant la participation des femmes
  5. Mesurer et communiquer sur l’impact : développement d’indicateurs de performance alignés sur les standards internationaux, réalisation de rapports extra-financier en accord avec les attendues de la CSRD, mise en place d’une communication responsable

Cette liste d’outils n’est pas exhaustive mais permet de montrer que les entreprises ont les moyens d’agir et l’influence suffisante pour sensibiliser les populations sur la question du genre, et plus largement des droits humains. Ksapa, de part son expertise, accompagne les entreprises de divers secteurs dans ces problématiques ESG et de genre, principalement dans la mise en place de ces outils à travers des méthodes claires et conformes à l’OCDE.

Vers une action collective : recommandations et perspectives

Représentation des femmes dans les décisions politiques et économiques

Lors de la COP30, les femmes plaident en faveur d’une égalité des genres notamment dans la transition climatique. En effet, il ne peut pas exister de justice climatique sans égalité des genres. Les négociations ont reconnu l’impact du changement climatique sur les femmes et des mesures ont été proposées allant du financement, de la sensibilisation à la facilité d’accès à des postes de leadership.

Les droits sociaux sont enfin pris en considération dans la transition ce qui implique la garantie des droits du travail, l’accès à la santé, à l’éducation et à la protection sociale. Cette avancée concerne les travailleurs et travailleuses des secteurs en mutation, les petits agriculteurs, les économies rurales et les populations vulnérables, souvent négligé.es lors des transitions accélérées.

Dépasser les obstacles structurels

Malheureusement, le plan d’action discuté lors de la COP30 se heurte à un obstacle majeur : l’absence de consensus entre les pays sur la définition même du genre. Au-delà des femmes, ce sont toutes les personnes vulnérables et les populations LGBTQI+ qui pâtissent de ces blocages politiques, leur situation restant marginalisée dans les négociations climatiques.

Face à ces résistances institutionnelles, les entreprises peuvent jouer un rôle moteur en adoptant des définitions inclusives du genre dans leurs politiques internes, en reconnaissant la diversité des vulnérabilités face au changement climatique, et en partageant les bonnes pratiques tirées de leurs démarches. En agissant ainsi, elles contribuent à faire évoluer les mentalités et à accélérer une transition climatique véritablement juste et équitable.

Pour en apprendre plus

Solène Renard - Ksapa
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Solène part of Ksapa's consulting team, working notably on human rights and sustainability.

With a keen interest for climate issues and circular economy, she has previously worked within Beiersdorf’s Sustainability Team where she tackled issues of responsible sourcing and human rights.

Solène holds a Master's in marketing and communication, as well as a master in creative industries and social innovation from the EDHEC Business School.

She speaks French, English and Spanish.

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