Le Forum OCDE sur la Finance Verte et l’Investissement 2024 a mis en évidence que, malgré un leadership insuffisant attendu lors de la COP29, une clarté accrue serait nécessaire pour aider les investisseurs et entreprises à avancer dans leur parcours climatique. L’OCDE a publié des orientations très utiles. S’appuyant sur le chapitre Environnement des Lignes directrices pour les entreprises multinationales sur la conduite responsable des affaires, l’OCDE a diffusé un document stratégique intitulé « Conduite responsable des entreprises pour l’action climatique : renforcer la contribution des entreprises aux objectifs climatiques (en anglais). » L’objectif n’est pas de créer une nouvelle norme ni de dupliquer les initiatives existantes. L’OCDE vise à fournir aux entreprises et investisseurs une boussole pour naviguer entre les attentes multiples, parfois conflictuelles, sur la manière de faire face à la crise climatique. Voici un aperçu.
Des entreprises face à une triple crise planétaire
L’OCDE identifie une “triple crise planétaire” — changement climatique, perte de biodiversité et pollution — comme un défi existentiel pour l’humanité. Les entreprises contribuent à ces crises par leurs émissions et la dégradation de l’environnement mais détiennent également des leviers pour les atténuer.
Crises interconnectées et responsabilité des entreprises
- Changement climatique : Les températures globales augmentant de 1,1°C par rapport aux niveaux préindustriels, les événements climatiques extrêmes aggravent le déclin des écosystèmes et les perturbations socio-économiques. Les entreprises, notamment les multinationales, jouent un rôle majeur dans les émissions mondiales de GES à travers leurs opérations et chaînes d’approvisionnement.
- Perte de biodiversité et pollution : Le changement climatique accélère la perte de biodiversité, réduisant la capacité des écosystèmes à atténuer les impacts climatiques et à s’adapter aux conditions changeantes.
Les lignes directrices RBC de l’OCDE offrent des outils, tels que le Guide de diligence raisonnable pour la conduite responsable des affaires, permettant aux entreprises d’identifier, atténuer et remédier aux impacts environnementaux négatifs, y compris ceux liés aux violations des droits humains.
Principaux facteurs de l’action climatique des entreprises
Les entreprises adoptent des actions climatiques en réponse à plusieurs pressions :
- Attentes sociales : Les consommateurs et employés privilégient les entreprises responsables en matière climatique, renforçant le besoin de transparence.
- Réglementations : Plus de 5 000 lois et politiques climatiques mondiales encouragent la réduction des émissions.
- Pressions des investisseurs : Des actionnaires exigent une gestion accrue des risques climatiques et une décarbonisation.
- Impacts financiers : Les entreprises font face à des risques de transition et des risques climatiques physiques (dommages aux actifs, perturbations des chaînes d’approvisionnement).
Les lignes directrices de l’OCDE aident ainsi les entreprises à répondre à ces pressions, en mettant l’accent sur des objectifs scientifiques, la transparence et l’engagement des parties prenantes.
Exploiter les outils de l’OCDE pour une action climatique efficace
Le cadre de la Responsable Business Conduct (RBC) de l’OCDE fournit aux entreprises des outils pratiques pour intégrer les considérations climatiques dans leurs stratégies, facilitant l’atténuation, l’adaptation et l’alignement avec les objectifs de transition juste.
Outils et instruments pour l’atténuation climatique
- Objectifs basés sur la science
Les lignes directrices de l’OCDE recommandent aux entreprises de fixer des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) alignés sur l’Accord de Paris et les derniers rapports du GIEC.- Ces objectifs doivent inclure les émissions de Scope 1, 2 et 3, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. Par exemple, les émissions financées (Scope 3) dans le secteur financier représentent souvent plus de 99 % des émissions totales.
- L’OCDE incite à privilégier les réductions à la source plutôt que les mécanismes de compensation.
- Transparence et plans de transition
- Les entreprises doivent déclarer leurs progrès sur les objectifs de réduction des émissions à court, moyen et long terme, en utilisant des indicateurs standardisés tels que ceux de la TCFD.
- Les plans de transition doivent s’intégrer dans le cadre de l’OCDE Transition Finance Guidance, qui comprend des étapes comme la fixation d’objectifs intermédiaires et l’adoption de cadres de gouvernance solides.
Adaptation et résilience climatiques
Les entreprises sont encouragées à aller au-delà de l’atténuation pour traiter les risques climatiques :
- Mesures d’adaptation : Investir dans des infrastructures résilientes et diversifier les chaînes d’approvisionnement pour garantir la continuité des activités.
- Éviter les impacts négatifs : Les projets doivent éviter de nuire aux communautés locales, par exemple, en limitant les projets intensifs en eau dans les régions sujettes à la sécheresse.
Engagement des parties prenantes et diligence raisonnable basée sur les risques
Le cadre RBC met enfin l’accent sur une action climatique proactive et centrée sur les parties prenantes :
- Collaboration avec les parties prenantes
Un engagement significatif avec les parties prenantes affectées (travailleurs, peuples autochtones, communautés) garantit que les actions climatiques répondent aux besoins sociétaux. - Processus de diligence raisonnable
L’OCDE propose un cadre pour identifier, atténuer et remédier aux risques climatiques sur l’ensemble de la chaîne de valeur, au-delà des seuls fournisseurs de premier rang.
Intégration des objectifs climatiques dans une durabilité élargie
Approche climatique holistique
L’OCDE reconnaît les liens entre les défis climatiques, la biodiversité et les droits humains, prônant ainsi une approche holistique :
- Stratégies climatiques globales
- Équilibrer les objectifs environnementaux avec l’équité socio-économique. Par exemple, éviter les conflits fonciers dans les projets d’énergie renouvelable.
- Intégrer la conservation de la biodiversité pour obtenir des co-bénéfices, comme le stockage du carbone et l’amélioration des moyens de subsistance des communautés.
- Soutenir une transition juste
- Accompagnement des travailleurs : Requalification et redéploiement tout en respectant les droits syndicaux des travailleurs impactés par les mutations climatiques de leurs activités économiques.
- Engagement communautaire : Favoriser des modèles comme les projets d’énergie renouvelable détenus par les communautés, qui partagent les bénéfices économiques.
Traiter les risques des chaînes d’approvisionnement
Les minéraux critiques pour les technologies d’énergie propre présentent des défis environnementaux et en matière de droits humains. L’OCDE recommande :
- Approvisionnement responsable via des mécanismes de diligence raisonnable.
- Adoption de principes d’économie circulaire (recyclage, efficacité des ressources) pour réduire la dépendance aux matières premières.
Gérer les impacts cumulatifs
Les actions climatiques, telles que le reboisement ou les solutions fondées sur la nature (NbS), doivent être planifiées avec soin pour éviter des effets négatifs, comme les plantations de monocultures qui nuisent à la biodiversité.
Conclusion
Le cadre RBC de l’OCDE offre aux entreprises les outils nécessaires pour aligner leurs opérations sur les objectifs climatiques mondiaux tout en répondant aux défis de durabilité. En appliquant ces principes, les entreprises peuvent :
- Fixer des objectifs climatiques crédibles basés sur la science.
- Adopter des processus de diligence raisonnable proactifs.
- Garantir que les actions climatiques respectent les droits humains et les objectifs d’équité sociale.
Ksapa, aligné sur les directives de l’OCDE, utilise déjà ces outils pour connecter les enjeux climatiques et de durabilité, offrant aux entreprises et investisseurs un accompagnement holistique et concret à ses clients entreprises et investisseurs pour définir et déployer des démarches de transition climatique juste.
Auteur de différents ouvrages sur les questions de RSE et développement durable. Expert international reconnu, Farid Baddache travail à l’intégration des questions de droits de l’Homme et de climat comme leviers de résilience et de compétitivité des entreprises. Restez connectés avec Farid Baddache sur Twitter @Fbaddache.