Ksapa a contribué le 30 septembre 2020 à une réflexion sur les stratégies susceptibles d’aider les entreprises à accélérer leur contribution aux objectifs de l’Agenda 2030. Durant cette table-ronde à laquelle se sont joints Jean Moreau (Président et co-fondateur de l’entreprise Phenix), Manuella Cunha-Brito (Co-fondatrice et COO de Good Tech Lab) et Cédric Mainguy (Responsable de l’innovation de Palo-IT, organisateur de l’événement), il a notamment été question du potentiel des technologies pour transformer les modèles d’affaires des entreprises pour répondre aux Objectifs de Développement Durable.
L’enregistrement de cet échange est accessible en ligne. Nous vous proposons ici quelques-uns des axes de réflexion clés qui ont émané des discussions.
Les entreprises doivent accélérer leur contribution aux ODD
Les Objectifs de Développement Durable sont vraisemblablement l’un des plus importants chantiers que l’humanité ait à relever. L’ampleur de l’investissement qu’ils requièrent, estimé à 12 000 milliards de dollars, nécessite un effort partagé – où chaque État, institution financière, entreprise et citoyen doit « faire sa part ». Or le temps passe et au regard du retard déjà accumulé, il semble urgent d’accélérer si l’on souhaite se donner une chance d’atteindre collectivement l’objectif d’ici à 10 ans.
Concernant le secteur du privé, l’idée selon laquelle seules les entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire peuvent apporter une contribution significative aux ODD semble bien révolue. « L’opposition entre le secteur ‘for good’ historique et le capitalisme traditionnel est de plus en plus artificielle », selon Jean Moreau. L’entreprise qu’il a co-fondé, Phenix, illustre d’ailleurs assez bien ce propos, tant elle concilie performance économique avec impact socio-environnemental positif. Mais il est critique que les entreprises pionnières puissent entraîner les autres et que la RSE incarnée, c’est-à-dire intégrée aux modèles d’affaires, devienne la norme. Le Mouvement Impact France, dont Jean Moreau est également président, vise à ce titre à rassembler des entrepreneurs à impact social et écologique au sein d’un réseau de lobbying et de business, pour inspirer leurs écosystèmes à rejoindre le mouvement de l’économie de demain.
Des accélérateurs sont à la portée des entreprises : les outils du digital
Dans le même temps, il existe des catalyseurs qui permettent aux entreprises d’accélérer dès aujourd’hui leur contribution aux Objectifs de Développement Durable. Ces mêmes ingrédients ont déjà fait leurs preuves par leur capacité à accompagner les entreprises dans l’adaptation de leurs modèles d’affaires et de leur culture à un monde turbulent et changeant : il s’agit des outils du numérique et de la transformation digitale.
En mai 2019, Good Tech Lab a publié une étude remarquée dressant un panorama des réponses technologiques, entrepreneuriales et systémiques aux problématiques du changement climatique, de la restauration des écosystèmes naturels, et du progrès social. Cette étude liste notamment plus de 180 domaines d’innovation contribuant aux objectifs de développement durable. Également, le rapport de Ksapa de janvier 2020 a illustré plusieurs cas concrets d’entreprises ayant fait usage de l’innovation technologique pour accélérer leur contribution aux ODD – rappelant néanmoins que choisir ses priorités et les technologies à aligner à chaque objectif requiert du discernement et une analyse fine du contexte et des externalités négatives qui pourraient être induites par l’utilisation de ces mêmes technologies.
Ainsi les banques, par exemple, peuvent choisir de répondre à des objectifs de lutte contre la pauvreté en proposant des solutions d’inclusion financière accessibles via mobile, l’accès aux services financiers numériques ayant fait la preuve de sa capacité à sortir les gens de la pauvreté. Des groupes industriels peuvent utiliser le e-learning pour diffuser du savoir et des bonnes pratiques au sein de leur chaînes de valeur pour améliorer les conditions de travail, promouvoir des pratiques durables et réduire les émissions de carbone à travers leurs chaînes de valeur. Ksapa utilise d’ailleurs ce type de technologies pour conduire des programmes d’investissement à impact à destination des fermiers de pays en développement, en vue d’améliorer, par des programmes de formation à grande échelle, leurs pratiques, subsistance et résilience. Il s’agit également de répondre au besoin des acheteurs industriels de réduire leurs risques, dans la mesure où ils dépendent de denrées primaires et doivent rendre compte de leurs efforts en matière de production responsable, d’action climatique et de lutte contre la déforestation etc… tout au long de leurs chaînes de valeur.
La Tech doit opérer une transition écologique et sociale plus largement
Si le digital offre un potentiel accélérateur de la contribution aux ODD qui mériterait d’être mieux saisi les entreprises, le secteur de la Tech ne semble pas porter suffisamment ce message pour activer la transition écologique et sociale de ses clients – sauf bien sûr les acteurs de la Tech For Good en France et ailleurs le monde. En cause, selon Manuella Cunha-Britto, le manque de formation des dirigeants de la Tech aux enjeux de développement durable, alors qu’une telle compétence est critique, non seulement pour conseiller leurs clients avec discernement, mais également pour opérer la transition au sein de leurs propres organisations. Transition qui s’accompagne d’un nécessaire changement culturel, car il s’agit de repenser l’innovation technologique pour l’inscrire aussi dans une logique de soutenabilité environnementale et sociale. Ainsi, explique Cédric Mainguy, les approches systémiques (ou system thinking), qui permettent de confronter les méthodologies de conception actuelles – centrées sur l’expérience utilisateur – au contexte dans lequel ces innovations s’insèrent, ainsi que l’éco-conception des produits et services informatiques avec par exemple les logiques de circularité permettent de repenser l’innovation pour la mettre aussi au service de la planète et de l’humanité.
Le défi pour le secteur sera de ne pas délaisser les pays du Sud dans les processus d’innovation et de s’assurer que l’innovation puisse bénéficier à toutes les régions du monde. L’inclusion numérique dans les territoires, à l’international comme en France, sera un élément critique pour que la transition puisse être globale – et pas uniquement limitée aux pays développés et aux start-ups qui bénéficient déjà largement des infrastructures requises à la diffusion de ces innovations.
La finance pour accélérer la contribution aux ODD
La finance sera également un ingrédient clef pour accélérer la contribution aux ODD. Non seulement les gestionnaires de fonds sont de plus en plus attentifs à la Tech for Good et flèchent leurs investissements vers la Tech, indique Manuella Cunha Britto, mais l’innovation financière de ces dernières années, qui a fait émerger de nouveaux instruments dont les Social Bonds, Impact Bonds, Blended Finance – où la mesure de l’impact social et environnemental est à la fois un objectif et un marqueur – offrent aux entreprises des leviers supplémentaires pour atteindre les ODD. Le rapport de Ksapa mentionné précédemment décrit d’ailleurs plus en détail un ensemble d’innovations financières particulièrement pertinentes pour mettre l’atteinte des ODD à la portée des entreprises.
Restons optimistes !
Le chantier des ODD est de taille, certes. Nous sommes déjà collectivement en retard, en effet. Mais restons optimistes. « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté », selon le philosophe Alain. Nous pensons, chez Ksapa – et tous les intervenants de la table-ronde étaient unanimes à ce sujet – que l’optimisme sera un ingrédient indispensable dans ce périple, pour changer le statu quo et aller de l’avant.
Alors, écrivons la suite de l’histoire ensemble. Le monde de demain s’écrit dans les innovations d’aujourd’hui. Contactez-nous !
Christian intervient chez Ksapa en qualité de Directeur des Solutions Numériques. Christian a 20 ans d’expérience professionnelle dans le secteur informatique, après avoir exercé différentes positions en développement et vente de solutions au sein d’IBM France, Metamerge A/S (Norvège) et du Centre National Etudes Spatiales.
En reconversion et désireux de renforcer la contribution de ses projets à l’intérêt général, Christian a récemment suivi un Executive Masters aux Mines ParisTech/ISIGE.
Christian parle français, anglais, serbe, espagnol et russe.