Une étude estime que les pays producteurs de cacao que sont la Côte d’Ivoire et le Ghana font travailler 1,6 million enfants. Cela revient à dire que, dès 5 ans, des enfants effectuent de dangereuses activités de désherbage et récolte dans près d’une exploitation de cacao. D’après l’organisation internationale du travail, l’abolition du travail des enfants des enfants concerne quelques 152 millions entre 5 et 17 ans. Cela équivaut à 1 enfant sur 10 dans le monde. Parmi eux, 73 millions travailleraient dans des conditions dangereuses.
Malgré des décennies de réformes en matière d’achats responsables, la progression des entreprises vers l’abolition du travail des enfants ralentit. Cela reste un phénomène quotidien dans les chaînes d’approvisionnement. La crise de la Covid-19 pourrait de plus pousser quelque 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Cela obligera sûrement les plus modestes à recourir d’autant plus au travail des enfants.
La crise a dû peser lourdement dans la décision de déclarer 2021 Année pour l’élimination du travail des enfants. Avec la déclaration de Buenos Aires, les Nations unies ont défini des actions concrètes pour abolir le travail des enfants d’ici à 2025 et leur travail forcé avant 2030. L’objectif est plus largement d’améliorer les possibilités d’emploi de la jeunesse. Tous les leviers clefs de lutte contre le travail des enfants sont à l’étude, dont le renforcement de la protection sociale, des marchés du travail, normes juridiques et réglementations internationales.
Cela étant dit, nous vivons peut-être un moment charnière. Ksapa liste en effet ses raisons de croire dans la capacité des nouvelles technologies d’amplifier l’impact des entreprises dans la lutte contre le travail des enfants. Les transformations numériques sont autant de solutions disruptives pour décupler leurs efforts – cette fois avec rapidité, ampleur et efficacité.
4 enjeux pour lesquels la technologie peut renforcer la lutte contre le travail des enfants
Les progrès technologiques font du contrôle de la chaîne d’approvisionnement une solution à la fois complète et compétitive, notamment vis-à-vis du travail des enfants. Dans la mesure où ils tendent à automatiser les pratiques d’approvisionnement et les interactions avec les clients, ils mettent également au défi les responsables des achats.
Face à l’attente de leurs parties prenantes qu’elles éliminent le travail des enfants, les entreprises doivent redoubler de solutions innovantes. Il s’agit notamment de contrer la dilution de leurs responsabilités et l’insuffisance de leurs ressources. Les 4 enjeux suivants resteront sinon insuffisamment gérés, favorisant le travail des enfants quelque soit la catégorie d’achats. C’est là que les technologies entrent en jeu.
1. Évaluation des risques
Une entreprise s’appuie sur des audits sociaux pour identifier et remédier au travail des enfants dans sa chaîne d’approvisionnement. Reste que les acheteurs ont besoin de données plus précises et granulaires pour améliorer leurs pratiques. Ils ont aussi besoin d’accéder à ces informations à la bonne l’échelle, ce qui dépasse la portée de leurs audits. Dans le même temps, les équipes d’achats sont typiquement en sous-effectif et sous-financées. Par contraste, lutter contre le travail des enfants exige d’allouer plus de temps au dialogue avec les fournisseurs et d’outils pour gérer les complexités sous-jacentes.
2. Transparence
Bien que la plupart aient intégré que le risque du travail des enfants ne se limite pas à leurs opérations directes, ou même aux fournisseurs de premier rang, peu d’entreprises jouissent d’une influence tangible passée cette limite. De même, les différents acteurs d’une chaîne d’approvisionnement manquent de visibilité en dehors de leurs relations immédiates. C’est d’autant plus vrai pour des enjeux aussi sensibles que le travail des enfants.
3. Mécanismes de remontée des griefs
Plus que tout autre type de travailleur de la chaîne d’approvisionnement, rares sont les enfants qui connaissent leurs droits. Ils ignorent aussi ce que les normes internationales et les politiques des entreprises définissent comme du travail illégal ou dangereux. Par ailleurs, les enfants ne sont pas spécifiquement visés par les mécanismes de réclamation en entreprise. Ils ne disposent pas pour autant de moyens adaptés pour signaler d’éventuelles préoccupations.
4. Formation et transfert de compétences
Les enfants sont peu susceptibles de bien appréhender les risques de sécurité ou les méthodes de productivité. Parce qu’ils aident souvent leurs familles, ils sont absents des protocoles de sécurité des entreprises comme de leurs programmes de formation ou de dialogue. Abolir le travail des enfants est d’autant plus difficile. Il exige en effet de donner accès à des savoir-faire et moyens financiers à la communauté toute entière.
Aussi encourageant soit-il, le déploiement de nouvelles technologies coûte cher. Le processus est également exigeant, long et dépend directement de la qualité des données attenantes. Il est donc d’autant plus difficile pour ces technologies de contribuer à éliminer le travail des enfants que les approvisionnements sont globaux et fragmentés. Reste que de nombreuses raisons poussent à investir dans les nouvelles technologies pour décupler l’impact des entreprises sur le travail des enfants.
Des technologies prometteuses pour les entreprises engagées contre le travail des enfants
Certes, le progrès technologique génère des préoccupations majeures en matière de surveillance et de confidentialité des données. Il implique également un coût supplémentaire en termes d’équipement et de consommation d’énergie pour les populations à faible revenu. La Covid-19 a d’ailleurs mis en évidence la fracture numérique mondiale, puisque seuls 55 % des ménages sont connectés à Internet. De plus, cette estimation chute à 19 % dans les pays les moins développés.
Comme le souligne notre rapport Toward 2030, les technologies bénéficient néanmoins d’un environnement favorable. Cela reste vrai parmi les travailleurs et agriculteurs, maillons clefs de la lutte contre le travail des enfants.
Big Data et Intelligence Artificielle renforcent l’évaluation des risques
Les analyses de matérialité permettent aux entreprises de prioriser leurs catégories sensibles, structurer leurs échantillonnages et documenter les cas de travail d’enfants. Les nouvelles technologies permettent d’utiliser ces outils plus rapidement, efficacement et à grande échelle.
Le recours à l’intelligence artificielle contribue à davantage de traçabilité dans la gestion de grands volumes de transactions potentiellement sensibles. En intégrant des données contextuelles en plus de la performance sociale passée, l’IA facilite une évaluation des risques plus granulaire. Combinée à l’apprentissage automatique, elle apporte plus de prévisibilité aux efforts d’échantillonnage. L’IA pourrait donc accélérer l’identification des fournisseurs à risque, pour conduire des audits ciblés et allouer les ressources efficacement.
Les blockchains favorisent la transparence
Grâce à la blockchain, les entreprises peuvent explorer leurs chaînes d’approvisionnement les plus sujettes aux allégations de travail des enfants. Des initiatives dans le secteur de la cosmétique visent par exemple à mettre en relation directes petits exploitants et acheteurs. En réduisant l’intermédiation, la blockchain renforce la traçabilité dans les approvisionnements. Elle contribue ainsi à l’augmentation des revenus localement ; solution de premier ordre pour s’attaquer durablement aux causes profondes du travail des enfants.
Les smartphones fluidifient la gestion des griefs
Grâce à l’adoption massive des smartphones, y compris dans les régions reculées, les entreprises peuvent diffuser des questionnaires en ligne. Elles peuvent ainsi documenter les cas de travail d’enfants tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement. C’est donc une solution rentable pour développer une collecte de données à l’échelle de tout l’approvisionnement. Ces nouvelles sources de données alimentent ensuite des profils complets de risques socio-environnementaux. Cette technologie maximiserait aussi l’impact des mécanismes de remontée des griefs des entreprises, en facilitant le signalement de cas de travail d’enfants. Combinés aux blockchains, les smartphones pourraient en effet améliorer la portée et la confidentialité des systèmes de gestion des réclamations.
La réalité augmentée facilite la formation
Les acteurs des chaînes d’approvisionnement ont trop eu accès à des formations professionnelles. Cela impacte directement leur sécurité, productivité et revenu… autant d’enjeux déterminants pour la lutte contre le travail des enfants. Une solution clé consiste en effet à ouvrir l’accès à des formation adaptées, rentables et évolutives. Les smartphones facilitent par exemple la diffusion de supports de formation. Plus encore que le partage de vidéos, photos et diapositives, la réalité augmentée et virtuelle calquent la réalité du terrain. Ces deux technologies facilitent en cela le transfert de connaissances en termes très concrets.
Conclusion | Systématiser la lutte contre le travail des enfants
L’essor de technologies innovantes ouvre la voie à davantage d’impact vis-à-vis du travail des enfants, en s’attelant à ses causes profondes sur le terrain. De grands changements sont à l’œuvre. Ils détermineront la progression du secteur privé vers une gestion responsable de leurs approvisionnements dans les années à venir. Alors que nous considérons les conditions d’une relance inclusive, l’abolition du travail des enfants ne pourrait donc être plus urgente.
L’équipe de Ksapa peuvent vous aider à mieux comprendre les principaux facteurs du travail des enfants. Nous collaborons régulièrement avec des entreprises pour améliorer leur systèmes de gestion des risques de leurs chaînes d’approvisionnement. Cette démarche leur permet de plus d’anticiper des réglementations futures rendant la diligence raisonnable obligatoire. Ksapa saura vous conseiller sur les solutions technologiques pertinentes pour cibler vos catégories d’achats prioritaires et segments les plus vulnérables et ainsi contribuer à l’abolition du travail des enfants.
Forte d’une expérience internationale auprès de structures publiques, privées et associatives, Margaux Dillon intervient chez Ksapa en tant que consultante en développement durable et responsabilité des organisations.
Elle avait auparavant travaillé pour les cabinets Deloitte et Quantis, assuré la promotion institutionnelle de l’infrastructure de recherche sur les écosystèmes ENVRI+ pour le compte de l’INRA, et contribué au reporting extra-financier du groupe Total.
Margaux est de nationalité franco-américaine et est titulaire d’un Master en histoire, communication, entreprises et affaires internationales ainsi que de deux certifications en développement durable de l’IEMA et Centrale-Supélec. Elle parle anglais, français et espagnol.