La guerre en Ukraine met sous tension les acquis fragiles du droit international autant que des efforts climatiques timides entrepris ces récentes années. Les violations majeures en matière de droits humains observés en Ukraine rappellent aussi, à chacun de nous, combien les acquis démocratiques se cultivent dans la vigilance de chaque instant. Dans tous les pays qui ont la chance d’en bénéficier et qui peuvent entraîner les autres pays dans ces progrès de société. Voici 3 leçons à tirer de cette crise pour apprendre à mieux gérer des crises prévisibles. Car il y en aura d’autres…
Tout est, là encore, connecté
La guerre en Ukraine met évidemment sous tension la communauté d’entreprises et d’investisseurs de Ksapa. Nous sommes amenés à faire des choix stratégiques et tactiques, en réponse tant aux pressions associées aux activités liées à la Russie et dans la zone, qu’aux tensions exceptionnelles générées par cette crise sur les marchés de l’énergie, des matières premières ou encore de l’agro-alimentaire. Tous les secteurs sont touchés. Ils doivent réagir dans l’urgence.
Mais de quelle urgence parlons-nous ?
- Depuis 30 ans, de nombreux rapports encouragent à la sobriété énergétique et à la décarbonation en réponse aux enjeux du climat. C’est dans le renchérissement exceptionnel actuel des prix du carburant, des matériaux de construction, des céréales et autres productions hautement carbonées que les entreprises et investisseurs découvrent – là encore dans la douleur – combien leurs actifs et outils de production restent infiniment trop carbonés. Organiser et déployer des plans climats sérieux et sans soupçon possible de ESG-Washing, c’est justement travailler à la résilience des actifs et réduire leur dépendance aux aléas internationaux, qui renchérissent les coûts et réduisent la compétitivité.
- Depuis 20 ans, de nombreux indicateurs pointaient le risque élevé et le manque d’éthique dans les relations commerciales entretenues avec de nombreux partenaires russes – notamment dans le gaz ou l’extraction minière. Les risques géopolitiques associés à la dépendance énergétique n’ont rien d’une nouveauté non plus. C’est dans l’urgence, et dans la douleur, que l’Union Européenne découvre qu’elle peut s’organiser et réduire cette dépendance géopolitique et commerciale. Les outils d’éthique et de corruption, portés par exemple par la loi Sapin 2, ne sont pas là uniquement pour assurer la simple conformité des opérations. Ces outils doivent également assister les décisions stratégiques pour organiser, autant que possible, des chaînes de valeur fiables et pérennes. Il s’agit ainsi d’éviter de devoir d’adapter dans l’urgence ce qui reste tout à fait du domaine prévisible.
- Depuis 10 ans, de nombreux travaux montrent combien les supply chain mondialisées, structurées exclusivement autour de la poursuite de l’optimisation du coût fiscal et de la main d’œuvre, accroissent de manière exponentielle les risques de qualité et coût non maîtrisés, mais aussi de délais dès lors que les ruptures s’opèrent comme dans le cas de la crise sanitaire du Covid. Cela génère en fin de compte des coûts infiniment supérieurs aux économies espérées : risques géopolitiques et actifs stratégiques bloqués dans des zones offrant une faible protection juridique, risques règlementaires imposant des efforts de traçabilité complexes et coûteux, risques sociaux dans des territoires où l’explosion des inégalités alimentée par le désinvestissement des entreprises alimente l’instabilité…
Gérer les crises prévisibles : 3 leçons à tirer de la crise ukrainienne
La guerre en Ukraine est dramatique. Ksapa encourage donc sa communauté d’entreprises et d’investisseurs à tirer 3 enseignements :
- Mettre les valeurs au cœur des décisions stratégiques, comme ciment d’un projet collectif. Les valeurs affichées par les entreprises doivent prendre tout leur sens dans la manière dont elles gèrent le conflit Russo-Ukrainien.
- Réorganiser et sécuriser les supply chains stratégiques permet de répondre aux exigences réglementaires croissantes tout en maîtrisant mieux ces maillons stratégiques. Par exemple, en investissant sur l’accès à la formation des ouvriers, des fermiers et des travailleurs temporaires, les entreprises améliorent la qualité, la prédictibilité et la productivité des services produits et sous-traités.
- Décarboner activement. Renforcer le financement pour accélérer la décarbonation des actifs et éléments stratégiques portés par la supply chain. Cela apporte une réponse structurelle à de trop nombreuses problématiques qui n’ont rien de conjoncturelles lorsqu’elles s’accumulent au fil des années.
Pour aller de l’avant
Ces activités et programmes concrets sont au cœur des activités de Ksapa et de son écosystème. Avec notre réseau de 150+ experts basés au sein des économies du G20, Afrique et Asie Pacifique, nous serons enchantés de poursuivre prochainement nos échanges sur ces questions stratégiques et sensibles. Contactez-nous !
Auteur de différents ouvrages sur les questions de RSE et développement durable. Expert international reconnu, Farid Baddache travail à l’intégration des questions de droits de l’Homme et de climat comme leviers de résilience et de compétitivité des entreprises. Restez connectés avec Farid Baddache sur Twitter @Fbaddache.