Dans notre dernière newsletter de décembre, nous avons récapitulé les avancées en matière de développement durable de l’année 2021. Aujourd’hui, alors que nous célébrons la nouvelle année, nous vous présentons une liste de six tendances identifiées pour 2022. Ces derniers ont pour objectif d’accélérer la durabilité au sein des entreprises et des communautés d’investisseurs.
1. Mettre en avant les questions sociales et les droits humains
Il ne fait aucun doute que, par rapport à il y a quelques années seulement, les questions sociales sont plus au centre des préoccupations des entreprises et des investisseurs. Cette tendance générale n’a été qu’accélérée par la pandémie mondiale de Covid-19. Cela dit, nous sommes loin d’avoir atteint le niveau nécessaire pour d’aborder efficacement les questions sociales. Certaines entreprises prennent conscience des risques qu’elles encourent en matière de droits humains. D’autres évoquent simplement le manque de données comme excuse pour ne pas se lancer.
Lorsque les investisseurs ont commencé à travailler sur les questions climatiques, aucun d’entre eux ne disposait de données facilement accessibles. Pourtant, cela ne nous a pas arrêtés à l’époque, et ne devrait donc pas nous arrêter aujourd’hui. Malgré tous les progrès accomplis, la résolution du problème climatique dépend nécessairement de notre capacité collective à assurer une transition juste. C’est-à-dire une transition équitable.
C’est précisément là que l’adoption d’une optique “droits humains” peut être utile. Elle permet de souligner l’importance d’embarquer l’ensemble de la communauté mondiale dans la transition vers plus de résilience climatique. Les plus cyniques considèrent le projet comme trop ambitieux ou trop compliqué. Nous, en revanche, affirmons qu’aucune entreprise, aucun investisseur ni aucun gouvernement ne peut raisonnablement explorer une autre voie que celle d’une transition climatique inclusive.
2. Mettre fin à l’évasion fiscale et garantir l’équité
L’OCDE a récemment fait de grands progrès dans la lutte contre l’évasion fiscale mondiale. Pour mettre un terme définitif aux inégalités, il faut une vision globale allant au-delà des questions sociales. Cette vision doit s’étendre à la gouvernance et aux considérations environnementales. Cela inclut logiquement la question de la fiscalité, car l’un des principaux moteurs de l’inégalité mondiale est… l’évasion fiscale. Les recettes fiscales des particuliers et des entreprises permettent aux gouvernements du monde entier de financer les services publics et les programmes socio-environnementaux. Rappelons, qu’ils en ont tous activement besoin. En d’autres termes, cet argent permet de relever des défis urgents.
C’est pourquoi il est grand temps d’aborder le sujet de la fiscalité mondiale. Il est essentiel pour les investisseurs et les entreprises de veiller à l’alignement interne de chaque fonction afin d’explorer l’optimisation fiscale. Il ne s’agit pas seulement de faire preuve de créativité pour augmenter les bénéfices. La perspective des droits humains est essentielle pour que les organisations comprennent les mécanismes d’équité fiscale. C’est à dire « pourquoi » et « comment » l’équité fiscale peut générer des externalités positives. Externalités qui bénéficieront aux entreprises elles-mêmes, aux investissements et la société en générale.
Du point de vue des droits humains, nous espérons que les entreprises et les investisseurs utiliseront à bon escient leur influence. Elle permettra d’encourager les gouvernements et les investisseurs étrangers à saisir l’opportunité d’une conversation honnête sur l’équité fiscale. Nous pensons que cela s’avérera essentiel dans notre capacité collective à promouvoir et à financer des sociétés plus vertes et plus équitables dans le monde entier.
3. Respecter les engagements “Net Zero”
Depuis plusieurs années, le changement climatique est devenu la question numéro un pour les entreprises et les investisseurs. Dans le même esprit, la COP 26 a poussé à une approche consensuelle. L’objectif étant de limiter le réchauffement de la planète à 1,5° Celsius. Cela dit, la question de l’allocation des ressources reste en suspens. Espérons que la COP 27 fera plus efficacement pression sur les gouvernements et les entreprises. Ces derniers doivent joindre le geste à la parole.
En attendant, le temps presse pour réaliser l’agenda climatique mondial tel qu’il a été défini dans l’Accord de Paris. Pire encore, il est peu probable que cela change de sitôt. La COP26 est désormais derrière nous. Il règne depuis un sentiment indéniable que l’action en faveur du climat et de la durabilité s’est considérablement accélérée. Et ce, dans tous les domaines. Pourtant, davantage d’entreprises et d’investisseurs doivent s’engager si nous voulons tracer de manière crédible la voie vers la neutralité carbone avant 2050.
Bien sûr, cela implique également de s’engager auprès des gouvernements. Ils sont essentiels pour aligner les entreprises et les investisseurs sur un programme commun. Cependant, cela ne doit pas contourner l’impératif de tenir les promesses de neutralité à leur travail. Pour être crédibles, ils doivent assurer une diminution rapide des émissions climatiques avant 2025, 2030 au plus tard.
4. Renforcer la responsabilité politique des entreprises
Le lobbying climatique n’a apporté que des retards, de l’obscurcissement et du déni. Les entreprises qui exercent une influence négative n’ont fait que ralentir l’action politique, financière et commerciale. En conséquence, les débats qui ont eu lieu lors de la COP26 nous ont laissé sur la voie d’un réchauffement climatique de 3°C. Ce serait un désastre pour l’humanité. Réfléchissons à cette vérité simple : aucune entreprise ni aucun investisseur ne peut survivre sans la population.
Notre échec climatique collectif est donc également un échec économique pour les entreprises et les investisseurs.
Il est temps pour les entreprises de mieux aligner leurs déclarations et leur influence politique, de s’engager résolument auprès des gouvernements et de s’attaquer à l’agenda climatique. Pas seulement pour la planète : pour le bien de leurs propres affaires! Si nous voulons lutter contre le changement climatique, les dirigeants politiques, les entreprises, les organismes financiers et les organisations de la société civile doivent travailler ensemble de toute urgence. Les entreprises et les investisseurs doivent aller au-delà de la responsabilité des entreprises et aligner leurs déclarations et leur influence politique. En d’autres termes, ils doivent faire preuve de responsabilité politique.
5. Assurer la responsabilité à l’ère du “Greenwashing”
Le dernier point, mais non des moindres, est la responsabilité des entreprises. Cela signifie qu’il faut s’attaquer à la tendance croissante du greenwashing. L’époque où l’analyse ESG était un concept anecdotique laissé aux équipes de marketing est révolue. Un nombre croissant d’investisseurs veulent pouvoir disposer de plus de ressources ESG dédiées, en contact direct avec la direction et le conseil d’administration. À l’avenir, beaucoup d’entre eux envisagent maintenant leur rôle dans l’obtention de résultats en matière de durabilité. Pour ce qui est de l’avenir, nombreux sont ceux qui réfléchissent désormais à leur contribution dans la réalisation de résultats durables et concrets.
6. Apporter des solutions innovantes au service des plus vulnérables
Notre expérience nous a démontré à maintes reprises comment les approches conventionnelles laissent de côté les personnes ayant un niveau d’éducation moins élevé. Il en va de même pour les minorités. À l’inverse, ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se retrouvent marginalisés sur le marché du travail ont tendance à être un levier essentiel pour l’action climatique ou l’équité sociale. Il s’ensuit que nous devrions collectivement accorder une attention particulière à ces mêmes personnes.
C’est précisément la raison pour laquelle nous avons conçu et développé l’initiative Scale-Up Training, Traceability and Impact (SUTTI). En déployant ce programme, nous pensons pouvoir faire bénéficier la formation à de vastes communautés qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu accès à la formation professionnelle. Attention, nous ne prétendons pas qu’il s’agit d’une solution miracle. SUTTI est un moyen concret et pratique de renforcer la licence d’exploitation des entreprises en réunissant tous les fournisseurs et travailleurs de leur chaîne d’approvisionnement. Dans un contexte d’action soutenue en faveur du climat, nous renforçons les collaborations entre les chaînes de valeur et offrons un moyen concret d’atténuer les risques liés aux droits humains.
Ces tendances observées sont bien en phase avec l’agenda programmatique de Ksapa. Notre communauté internationale travaille aux côtés des entreprises et des investisseurs pour répondre aux défis environnementaux et sociaux les plus prégnants. Nous sommes déterminés à identifier les meilleurs moyens de doubler les progrès en matière de durabilité et d’amplifier les succès dans ce domaine.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une liste de tendances exhaustive, ces six points constituent toutefois un excellent point de départ pour 2022.